On pourrait alors se poser la question de la différence entre une solution « installable soi-même » et un système mis en place par un spécialiste.
Il est possible de classer les équipements domotiques dans 2 famille distinctes, chacune ayant ses avantages.
Domotique mobilière
D'un côté la famille des « objets connectés » regroupe tous les équipements que l'on peut acheter soi-même et démarrer en quelques étapes depuis un smartphone. Il n'y a pas de configuration à faire sur le routeur, pas de paramètres techniques à programmer. L'apparente simplicité présentée à l'utilisateur fait en réalité appel à plusieurs mécanismes emboités entre eux, comme la création du profil, le stockage des données dans le serveur du fabricant (appelé Cloud), la mise en place d'une connexion montante entre l'équipement et les serveurs cloud.
Les objets connectés se posent sur un meuble, se branchent à une prise électrique. Ils sont apparents, facilement déplaçables. Lorsque l'on déménage, ces objets ne restent pas dans le logement. On parle ainsi de « domotique mobilière » car comme le mobilier, ils sont transférables dans un nouveau lieu.
La contrepartie des objets connectés est leur dépendance au cloud. Vos données sont stockées dans le serveur du fabricant, elles lui appartiennent et une part de son modèle économique (voir l'entièreté de ses revenus dans certains cas) consiste à exploiter et revendre vos habitudes d'utilisation. On pourrait comparer cela aux services d'email gratuit proposé par les gafam, pour lesquels toute votre correspondance est stockée puis analysée dans les serveurs des fournisseurs. Après tout, on est prêt à sacrifier une part de sa vie privée au profil de la praticité gratuite, alors doit-on se tracasser de quelques informations de présence, préférence de température, image de caméra, playlist musicale … abandonné au data-capitalisme ?
Une autre contrepartie des objets connectés est le fait que l'objet acheté fonctionne uniquement accompagné du service du fabricant. Ces objets sont dépendants du fabricant, l'utilisateur est enfermé dans un écosystème et sera contraint d'acheter le prochain équipement chez le même fabricant. Si le concepteur de l'offre vient à retirer son offre du marché parce qu'elle n'a pas obtenu les résultats de vente espéré, l'objet est bon pour la poubelle. La liste des services abandonnés (offre domotique SmartLife de Swisscom, offre domotique Homelive d'Orange, GreenIQ …) ou pour lesquels une update de version rend l'objet obsolète (pont Philips Hue v1, Sonos Connect …), s'allonge chaque mois.
Cette dépendance au cloud est aussi présente lorsque de nombreux utilisateurs se connectent en même temps sur le cloud du fabricant, rendant le service non utilisable (Service Tahoma de Somfy pendant le confinement de mars 2020).
De par l'ouverture plus que bridée, chaque objet est enfermé avec son application smartphone, dans un silo. Il y a autant d'applications à ouvrir pour l'utilisateur qu'il y a d'usages à piloter. Et il n'est pas possible de créer de l'intelligence collective (scénario impliquant des objets de différents fournisseurs) entre ces écosystèmes fermés, en dehors des assistants vocaux ou IFTTT, qui eux encore fonctionnent en cloud.
Je ne suis pas en train de dire qu'il faut fuir les objets connectés, il est simplement nécessaire d'avoir conscience des mécanismes en jeux derrière cette simplicité d'usage et la forte dépendance à des solutions dont on ne maitrise pas la pérennité.
Domotique immobilière, allons plus loin
La « domotique immobilière » est celle que l'on laisse dans l'habitation ou le bâtiment lors du déménagement. Le système est intégré au bâtiment, les interrupteurs, actionneurs, vannes … encastrés au mur ou connectés au tableau électrique. C'est donc une plus-value pour l'utilisateur qui prend possession d'un nouvel espace de vie.
Bien que chaque équipement puisse avoir son protocole de fonctionnement, la plus-value de l'intégrateur domotique / smart building est de faire en sorte que tout fonctionne sur un même système, ce qui garantit la mise en place de scénarios « intelligent » entre les différents équipements et également le fait que tous les équipements soient pilotables depuis une même interface utilisateur (une seule application smartphone pour tous les usages).
La solution étant constituée des différents éléments ouverts à communiquer avec un automate tiers, il est toujours possible de faire évoluer la solution, changer certains éléments ou en ajouter d'autres. C'est ce qui constitue sa pérennité dans le temps.
Lorsque les données sont stockées en local tout comme les scénarios d'automatisation, il n'y a pas de dépendance au cloud, le système est entièrement autonome. Le système peut faire appel à des ressources extérieures tel que services météo, flux médias… mais son fonctionnement et la pérennité de son existence n'en sont pas dépendant. Les données sont une propriété immobilière et appartiennent à l'utilisateur, comme le recommande la label R2S de la SBA (Smart Buildings Alliance).
La domotique immobilière fait appel à des compétences professionnelles (AMO Smart, intégrateur domotique), comme c'est le cas pour tout autre technique du bâtiment, tel que l'on fait appel à un cuisiniste pour monter une cuisine de qualité. L'investissement dans une prestation est à évaluer face au temps de formation et d'expérience terrain à investir si l'on souhaite un résultat qualitatif similaire.
Là encore, il ne s'agit pas de dire que la domotique immobilière est mieux mais simplement d'avoir une cohérence entre l'investissement immobilier durable versus une installation pour un lieu temporaire.
Comment choisir ?
Pour les résidents en location qui souhaitent améliorer le confort par de l'automatisation, la domotique mobilière faite d'objets connectés et le choix le plus simple. Le cout est faible, la mise en route à faire soi-même.
Pour les propriétaires, promoteurs immobiliers, bailleurs, les notions de qualité, durabilité, évolutivités sont primordiales pour un investissement fait pour fonctionner 50 ans. Il est donc nécessaire de mettre en place une domotique immobilière, qui sera une plus-value pour les utilisateurs.